mardi 2 février 2010

Lynchages




Le récit de jean Teulé intitulé « Mangez-le si vous voulez » relate un fait divers atroce survenu en Dordogne en août 1870 ; un jeune noble, Alain de Moneys, qui se rend au marché du village voisin est pris à parti par la foule qui le soupçonne tout à coup, sur un mot malheureux, d’avoir des sympathies pour les Prussiens. Il sera torturé pendant deux heures, traîné à travers tout le village avant d’être brûlé vif. Une rumeur voudra qu’il ait été cannibalisé. Le lendemain, les villageois revenus de leur folie ne comprennent pas qu’ils aient pu assassiner un voisin apprécié de tous.
Les personnages de fiction ont quant à eux parfois davantage de chance.
Jean-Baptiste Grenouille, dans Le parfum de Süskind, échappe à la potence et à la vindicte populaire en répandant des effluves apaisantes sur la foule qui le transforment en objet d’amour. Mais la fin du récit indique combien Eros peut tout autant susciter le cannibalisme que Thanatos.
Bardamu, l’anti-héros de Céline, échappe au lynchage sur l’Amiral Bragueton, navire qui le conduit jusqu’en Afrique, en assurant de son patriotisme les militaires qui veulent l’écharper. Il devient à leurs yeux tout à fait sympathique en les abreuvant de paroles et d’alcool.
Dans After hours, film de Scorsese, l’informaticien Paul Hackett qui voulait passer une soirée sympathique avec une séduisante jeune femme doit échapper à une foule hostile qui le soupçonne d’être un voleur. Subissant jusqu’au bout les évènements, il en réchappe caché dans une statue de plâtre, figé malgré lui en œuvre d’art.

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