jeudi 8 avril 2010

Une escapade

Une journée sous le signe de la frivolité.

Evelyne m’entraîne du côté des Champs Elysées où nous prenons le temps de déjeuner assez copieusement au Bistro Marbeuf dans une ambiance musicale un peu étrange (on diffuse Shéhérazade de Rimski-Korsakov). Ensuite longues flâneries, achats compulsifs (je ramènerai à Laureline les chocolats promis et aussi 2 CD classiques) occupent notre après-midi qui se termine par une longue pause aux Tuileries durant laquelle Evelyne, plus joyeuse que jamais, me lit des extraits d’un roman qu’elle vient d’acquérir au Virgin, « la vraie vie des jolies filles », récit sensément branché d’une jeune femme qui, faute de pouvoir rentabiliser ses études à l’école du Louvre décide de prendre un riche héritier au piège de sa beauté. C’est une sorte de roman d’apprentissage désabusé et un peu balzacien, jalonné de citations en forme d’adages philosophico-cyniques dont s’amuse Evelyne.

A la nuit tombée, nous regagnons l’hôpital par le métro Chevaleret, y pénétrons par une entrée discrète qui donne sur le Boulevard Vincent Auriol. Après quelques pas à l’intérieur de l’enceinte, je ne peux m’empêcher de laisser glisser mon regard vers l’énorme masse sombre qui obscurcit l’horizon sur notre gauche ; c’est le nouvel Institut flambant neuf de Recherche sur le Cerveau et la Moelle épinière qui doit être inauguré à l'automne. Amusée, Evelyne ne peut s’empêcher de me glisser à l’oreille : d’après toi, est-ce en tant que soignant ou patient que tu iras bientôt le visiter ?

Je ne lui concède qu’un léger sourire en guise de réponse et accélère le pas tout en la serrant tendrement contre moi.

C’est curieux, ajoute-t-elle, définitivement joyeuse, tu me fais penser à ce personnage de Kafka qui retourne toujours sur le lieu de son jugement alors que rien ne l’y contraint.

- Qu’est-ce que tu racontes, friponne, tais-toi donc, dis-je en l’embrassant dans le cou. Tu devrais t’en tenir à tes romans frivoles.

- Qu’est-ce que tu crois, même dans celui-là il y a du fond, les personnages lisent René Girard.

Nous nous enfonçons dans le dédale des allées qui nous conduisent jusqu’au bâtiment de la Force où Evelyne, trop fatiguée pour rester ce soir, m’accorde un dernier baiser avant de reprendre sa voiture.

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